Entre-deux


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Depuis enfant, j’ai l’impression d’être dans un entre-deux

Le cul entre deux chaises, face à deux chemins, ne sachant lequel choisir pour être heureux

Je ne sais me décider, un jour je veux être un homme indépendant, le lendemain je me fais guider tel un agneau

Je pense avoir les meilleurs amis du monde mais je les imagine me plantant un couteau

Je ne sais jamais si je suis amoureux, et je pense impossible le fait qu’on puisse m’aimer

Je me donne un air sensible alors que je suis dur. Je me donne un air dur alors que je suis sensible

J’ai l’impression d’avoir tout raté

Je reste assis sur une chaise en pensant accomplir des tâches pénibles

J’ai besoin de reconnaissance, mais je veux briller en restant dans l’ombre

Je crois qu’il me manque quelque chose, je ne suis plus que la moitié d’un homme

Un verre à moitié vide encore à moitié plein

Une aube, un crépuscule, une éclipse qui annonce la fin

Et j’en ai marre, marre, marre de ne pas être accompli

Cette impression de vide, ces questions, que suis-je ?

Un lunatique, un fou, un parano, un simple indécis ?

Je ne peux même pas être malheureux, je n’arrive pas à pleurer, je n’arrive pas à m’exprimer

Le bonheur et le malheur effectuent une danse sans fin, une véritable torture

Et si c’est ça la vie, suis-je vraiment capable de la supporter ?

Seul, dans l’entre-deux monde ?

Seul, dans mon monde ?

Je commence à peine l’acte deux de cette pièce en quatre actes

Et je n’arrive même plus à compter le nombre de fois où j’ai pensé à passer à l’acte

Mais je suis pas unique, tout le monde a des coups durs

Ah ah ! Putain mais de quoi je me plains ?

A côté de celle des autres, ma vie est bien trop pure

Je me laisse parler, je me laisse écrire même si ma vie ne vaut rien

Elle ne vaut rien, car elle n’a pas d’histoire

Car même sans gagner, j’ai pas assez perdu pour être intéressant à écouter

Alors, je retourne faire la bonne poire

Et qu’on me laisse

Seul

Dans mon monde

Seul

Dans l’entre-deux monde.

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